«Range ta chambre!» Nos conseils pour garder son flegme devant le bazar d’un ado

Article de Sophie Massieu pour Le Figaro

PSYCHOLOGIE – Difficile de ne pas s’agacer face au capharnaüm ambiant dans la «tanière» de votre adolescent. Et si, au lieu d’aller au conflit, on prenait le temps de comprendre ce qui se joue ici ?Hygiène« Le matin, j’essaie beaucoup de vêtements pour m’habiller. Et je laisse sur mon lit et le canapé des tas d’habits en boule, confie Marion, 16 ans. Sur mon bureau, il y a juste la place pour poser un cahier. Je ne peux plus ouvrir ma fenêtre parce que sur l’étagère, j’ai étalé tout mon maquillage. Si on ouvre un tiroir, tout s’écroule. Je n’aipas le droit de manger dans ma chambre mais je le fais quand même et parfois des bols et boîtes fermées s’empilent, ça moisit. » La jeune fille sait que ce désordre agace ses parents, et elle-même apprécie quand sa chambre est rangée. « Mais pour moi, le rangement, c’est une activité en soi. Quand je me lance, tout est nickel. D’ailleurs, ma bibliothèque est très ordonnée. Mais je n’aime pas que ranger soit une corvée au quotidien. »Quel parent ne s’est pas crispé devant le désordre de la chambre de son ado ? Rares sont ceux qu’un tel fourbi laisse de marbre, même si tous ne mettent pas le curseur du bazar tolérable au même endroit. Mais faut-il vraiment s’inquiéter de cette visible allergie à l’ordre ? Le Figaro fait le point. Éviter le point de fixation Mère d’un adolescent de 13 ans, Marie-Laure confie : « À un moment, je ne rentrais même plus dans sa chambre, tellement c’était le bazar tout le temps. Le minimum que je lui demande, c’est de pouvoir accéder à son bureau pour lui déposer des choses. Donc maintenant, il empile du bazar au fond de sa chambre. » Son fils, Laurent*, n’a pas plus que Marion le droit de manger dans sa chambre et puisque l’injonction n’a pas été respectée, gâteaux et bonbons sont désormais sous clé. Quant à ses vêtements propres, Marie-Laure les dépose non pliés dans une caisse à l’entrée de sa chambre : « Je ne range plus ses vêtements propres dans ses tiroirs, à lui de gérer. Mais il ne gère pas. À lui d’en assumer les conséquences. » Comme ce jour où il n’a pu aller chez son copain, faute de disposer d’un pantalon propre à enfiler, ou de celui où il a écopé d’un zéro parce qu’il n’a pas retrouvé le devoir à la maison de maths pourtant fait. « Nous avons quelques autres points de tension, alors je ne veux pas faire du rangement un point de fixation. À lui de prendre ses responsabilités. »Ma chambre n’est pas suffisamment reconnue comme mon espace, c’est aussi pour ça que je n’ai parfois pas envie de la ranger.Marion, 16 ans

Le père de Marion non plus ne veut pas voir le sujet du rangement abîmer une relation par ailleurs paisible avec la benjamine de ses trois filles. Pour autant, il affirme ne rien lâcher. Surtout sur l’hygiène : « Oui, sa chambre est son espace, son endroit, mais ça n’est pas une raison pour que ce soit dégueu ! » Pas question, par exemple, d’y voir traîner « des vieilles croûtes de fromage ».D’autres n’hésitent pas à ruser un peu pour convaincre leur progéniture de soigner sa « piaule », tout en respectant son indépendance et son besoin d’intimité. Sarah avoue ainsi, sourire aux lèvres, que pour inviter son fils Jules*, 17 ans, à nettoyer « son antre », elle s’appuie sur sa tendance à s’inquiéter pour sa santé : « Tu tousses. Tu as pensé à faire la poussière ? À changer tes draps ? » Lorsque la femme de ménage doit venir, Jules est prié de « faire des tas » : « Je la paie pour qu’elle nettoie, pas pour qu’elle range ! » Sarah s’interroge sur la capacité de son fils à s’y retrouver dans les piles de cahiers et feuilles volantes, mêlant cours de l’année et ceux de l’année précédente. Mais elle le laisse vivre dans son désordre : « Il a une chambre trois fois plus petite que moi quand j’avais son âge. Il a déjà bien peu d’intimité, il se trouve toujours en proximité immédiate de ses parents, de son petit frère… Et puis accumuler le rassure, les choses trop épurées l’angoissent. »La chambre, un reflet des états d’âmeCar oui, ce désordre dit bien quelque chose des adolescents. Comme Marion, qui confie : « L’état de ma chambre reflète comment je me sens. Plus je suis stressée, plus elle est en bazar. Et ranger me déstresse. » Elle explique que son antre se trouve près de la cuisine et de la chambre de ses parents, qui, à son goût, y entrent trop facilement : « Cette pièce n’est pas suffisamment reconnue comme mon espace, c’est aussi pour ça que je n’ai parfois pas envie de la ranger. » « La chambre est l’espace intime par excellence, donc les adolescents l’investissent comme tel, eux qui sont en pleine phase de construction identitaire », explique Jean Petrucci, psychologue clinicien au Groupe Hospitalier Universitaire Paris psychiatrie neurosciences. Dans le même temps, pointe le père de Marion, les parents perdent de leur autorité sur un adolescent, qui le leur signifie à travers cette résistance passive à l’injonction au rangement.Ranger à leur place, c’est comme si on les regardait nus !Sarah, mère de Jules, 17 ans

Somme toute, rencontrer un désaccord sur ce sujet est normal. D’autant plus que les adolescents ne sont pas aussi matures, y compris sur le plan neurologique, que les parents ne le pensent, cadre Jean Petrucci, qui rappelle que le cerveau n’est totalement développé que vers l’âge de 25 ans. Aussi, à ses yeux, l’essentiel apparaît que les adolescents s’y retrouvent, même si le désordre offre une esthétique déplaisante aux parents.Pour convaincre, rester positifs !Cela ne veut pas dire renoncer totalement à transmettre toute notion d’ordre et d’hygiène à son enfant. Afin de rapprocher les points de vue, mieux vaut valoriser ce que l’adolescent a trié, ou lui suggérer des méthodes de rangement, suggère Jean Petrucci. Lequel invite à bannir le « c’est bien, mais » et à éviter le conflit, « d’autant qu’avec un adolescent, si on le cherche, on le trouve ! »Surtout, les parents doivent s’interdire de ranger la chambre de leurs ados à leur place. Tout d’abord pour favoriser leur apprentissage de l’autonomie plutôt que de les infantiliser. Mais aussi pour respecter leur intimité. Sarah l’a bien compris : « Ranger à leur place, c’est comme si on les regardait nus ! »Toutefois, dans certains cas, des soutiens particuliers s’imposent. Par exemple en cas de trouble de l’attention, ou de haut potentiel intellectuel (HPI). Les premiers se laissent encore plus volontiers que les autres adolescents distraire d’une activité, et les seconds peinent à trouver de l’intérêt au rangement, résume Béatrice Millêtre, docteur en psychologie, notamment autrice de L’Enfant haut potentiel au quotidien (éd. Payoy). Elle explique que ces jeunes ont une « intelligence intuitive » et que l’une des motivations efficaces va être l’échéance, ce qui explique qu’ils rangent d’un seul coup, tout, une fois tous les quelques mois. « Le parent est un guide de voyage qui amène à découvrir le monde en tenant compte de la personnalité de son enfant », métaphorise-t-elle. La psychologue se veut rassurante : avec le temps, les choses deviendront naturelles. Ce que le père de Marion a pu observer chez sa cadette qui, après avoir eu une chambre d’ado plus désordonnée encore que celle de Marion, range désormais son appartement personnel.Signaux d’alertePas de quoi s’affoler, donc. Sauf en cas de survenue brutale d’une incapacité à ranger, et qui persiste, pointe Jean Petrucci. Ce comportement peut alors être le signe d’apparition d’une dépression ou d’un trouble anxieux sévère. L’association à d’autres symptômes, comme la non-prise de conscience du désordre par l’adolescent, ou le débordement d’un désordre hors de sa chambre, peut aussi alerter. Consulter un psychologue peut alors s’avérer précieux. Une « rigidité cognitive », autrement dit une « résistance au changement », doivent aussi inviter à une prise en charge, souligne Jean Petrucci.La majorité des désordres peut donc être perçue non seulement comme banale, mais même comme rassurante. Le père de Marion l’a bien compris : « Au fond, je sais bien que ça n’est pas si important que ça… Et surtout, je préfère avoir une fille bordélique qu’une fille trop maniaque en quête d’hygiénisme. Ce que ça dit de son rapport au monde et aux autres me convient mieux. » *Les prénoms ont été modifiés

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