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Gender fluidité

Avr 10, 2021

Gender fluidité

Tout a commencé avec une jeune fille un peu agacée après ses parents : « ils me disaient que si j’étais homo, tant que j’étais heureux, c’était OK » Et de dire qu’on ne disait plus « homo » mais « gay ».

Petit coup de vieux au passage.

Et elle continue « j’en ai parlé aux copines qui ont eu, elles aussi, le même discours. J’ai dit à mes parents que tous les parents se fichaient de l’orientation sexuelle de leur enfant. »

Je suis ravie que tous les parents du monde tiennent ce discours à leurs ados. Je ne suis pas convaincue, comme le dit cette jeune fille, que ce soient vraiment tous les parents, mais c’est une excellente nouvelle pour que chacun puisse être en phase avec soi-même.

Un autre jeune me parlait de la collection de vêtements dessinés par un chanteur-youtuber dont il est fan : une collection « no gender ». Reprenons un coup de vieux : nous aurions dit « unisexe… »

Nombre des ados que je reçois me parlent du genre. Non pas en tant que problématique qu’ils pourraient vivre ; juste en tant que sujet d’actualité, de discussions avec leurs amis.

Ce qui me cause une vive satisfaction. Je me souviens, en effet, d’un jeune homme que j’accompagnais il y a quelques années, qui se trouvait décalé dans la communauté gay (on ne dira donc pas homosexuelle) car il expliquait qu’il pouvait être attiré aussi bien par un homme que par une femme : qu’il s’agissait d’une question de personnalité.

Ce que j’ai toujours défendu comme étant la meilleure et la seule posture possible, non figée et donc source d’épanouissement.

Ce dont lui et moi parlions alors s’appelle aujourd’hui la fluidité : sexuelle, d’orientation.

(illustration issue de CAPRES (2020). Diversité sexuelle et de genre en enseignement supérieur)

Nous ne sommes pas plus fluides qu’avant. Ce qui a changé c’est la façon dont nous assumons notre orientation, la perception de qui nous sommes, notre identité de genre. Auparavant, les codes sociaux nous dictaient notre manière de vivre notre intimité alors qu’aujourd’hui, tout est permis. Les jeunes, éduqués de manière plus permissive, ont un rapport différent sur leur sexualité et plus encore sur la perception de leur genre.

Ils sont eux-mêmes. Acceptant de ne pas être les mêmes aujourd’hui et demain.

J’ai ainsi vu apparaître dans un sondage la case « no gender » voisinant avec les classiques « fille » et « garçon » signe que les temps évoluent et se calent sur la réalité de notre époque.

Mais si les jeunes que je reçois me parlent des, somme toute, classiques  trans  et non binaire,  qu’ils côtoient dans leurs classes, ils me parlent aussi de leurs amis demiboy, demigirl, agender, genderneutral, amorgender, pangender, bigender, purplegender, queer, genderfluid, multigender, girlflux…

Au-delà de ces particularités, je ne retiendrai que l’aspect assumation d’eux-mêmes de nos jeunes.

Et j’en suis très heureuse pour eux , car c’est l’une des clefs pour qu’ils soient en phase avec eux-mêmes.

Béatrice Millêtre