Enfant précoces, comment les accompagner ?

Jan 14, 2021

Enfants précoces, comment les accompagner ?

Voilà ce que m’expliquent les parents d’Anne-Laure, 8 ans.

Nous nous disions qu’avec le temps, ça allait s’arranger, mais finalement c’est de pire en pire. Scolairement, ça va. Sans plus.

Un décalage entre la maison et l’école

Et nous avons le sentiment d’un décalage avec la maison. Chez nous elle est curieuse de tout, parle comme une grande, s’intéresse aux activités et aux jeux pour les plus grands. A l’école, c’est le sempiternel « peut mieux faire ! ne se donne pas les moyens, fait le minimum. » C’est vrai qu’elle n’aime pas les efforts, et préfère réussir du premier coup. Mais il nous semble qu’elle a des capacités à la maison, qu’elle n’exprime pas à l’école. Alors qu’elle a une mémoire d’éléphant, à l’école elle répond souvent qu’elle ne sait pas. Et elle rêvasse.

Un enfant grand écart

Sinon, c’est une petite fille qui peut être aussi charmante que désagréable : lorsque quelque chose ne colle pas à son idée, elle devient odieuse. Souvent elle n’écoute pas, et répond que, de toute façon elle sait qu’elle a raison et que nous avons tort. C’est vrai que c’est horripilant, surtout quand c’est dirigé contre son frère et sa sœur. Ou lorsqu’il faut partir pour l’école et qu’elle est encore en train de jouer, alors qu’il faut s’habiller, qu’elle lit un livre quand il faut déjeuner.

C’est devenu invivable.

Nous pensions qu’au moins à l’école ça finirait par s’arranger, qu’une fois au primaire, elle comprendrait qu’elle doit travailler. Mais c’est de pire en pire, et on ne sait plus quoi faire. 

Des enfants sous-réalisateurs

Cet exemple  me semble significatif de ce que vivent les parents de certains de ces enfants, précoces ou à haut potentiel lorsqu’ils ne savent pas fonctionner à leur façon. Des enfants doués qui n’expriment pas leur capacités et qui, à un moment ou à un autre se font dire par le corps enseignant qu’ils peuvent mieux faire, phrase à laquelle est souvent accolé « s’ils s’en donnent les moyens ».

Ce qui a pour conséquence quasi immédiate et quasi généralisée chez leurs parents, de penser que leur progéniture est fainéante, ne travaille pas, ou pas suffisamment. D’où disputes, cris et colères, qui, en plus de leur inutilité ne font qu’envenimer une situation déjà compliquée.

Les enfants précoces sont des enfants différents, singuliers

Car ces enfants sont différents. Et pleins de bonne volonté. Ils aimeraient bien « mieux faire », mais il faudrait pour cela qu’on leur donne le mode d’emploi, qu’on leur explique ce qu’on attend d’eux et comment y arriver.

On pourrait dire, de manière schématique qu’il existe deux types d’enfants.

L’enfant scolaire :

  • qui sait ce qu’être élève veut dire,
  • qui sait qu’il doit se concentrer pour écouter le professeur
  • qui fait son travail en essayant d’une fois à l’autre à s’améliorer

L’enfant précoce qui s’ignore :

  • qui ne sait pas forcément ce qu’il sait,
  • qui, entendant un bruit dans la cour regarde par la fenêtre afin de savoir d’où il vient,
  • qui fait souvent plusieurs choses en même temps.

Un fonctionnement et un raisonnement différents

Son fonctionnement et surtout sa manière de raisonner sont différents.

Ce sont des enfants plutôt intuitifs, c’est-à-dire ne sachant pas toujours qu’ils savent ni ce qu’ils savent (connaissance intuitive) et ne sachant pas comment ils arrivent à une conclusion (raisonnement intuitif).

Ce sont des enfants qui savent très bien se concentrer, mais autrement, qui sont très bien structurés, mais d’une autre manière, qui peuvent réussir, mais à leur façon.

L’importance de se connaître

Il vous faut d’abord, vous les parents, comprendre ce dont il s’agit exactement, qui est votre enfant et comment il fonctionne.

Observez-le, sans jugement, avec l’idée que vous êtes un expert, celui qui connaît le mieux votre enfant.

Prenez vous-même le recul nécessaire afin de ne pas perdre de vue qu’il ne s’agit que d’un enfant, un enfant qui ne pense pas à mal, qui ne cherche ni à vous agacer ni à vous contredire, ni à vous contredire pour le plaisir. Un enfant différent qui sent qu’il est différent sans savoir en quoi, mais qui finit par aliéner sa personnalité pour « coller » au moule qu’il croit être le bon.

Alors aidez le, de par votre amour et votre foi en lui en lui montrant que vous avez conscience qu’il est unique et confiance dans ses capacités.

Accompagnez-le sur le chemin qui est le sien, et vous en ferez un enfant épanoui qui fera, demain, un adulte en phase avec lui même.

Béatrice Millêtre

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