Autisme et Haut Potentiel
Si je me reporte quelques années en arrière, un grand nombre de personnes venaient me consulter et me demandaient de les adresser à Ste Anne, en psychiatrie, n’en pouvant plus de se sentir « anormales ». C’est ce constat qui m’avait décidée à écrire mon « Petit guide à l’usage des gens intelligents qui ne se trouvent pas très doués » afin de dire à toutes ces personnes qu’elles étaient normales : normales autrement.
Aujourd’hui, les personnes haut potentiel pensent souvent avoir un trouble dans le spectre autistique.
Il n’en est, la plupart du temps, rien.
Pour simplifier, le trouble du spectre de l’autisme présente deux caractéristiques fondamentales : les difficultés dans la communication et dans les interactions sociales ainsi que des comportements répétitifs et des intérêts restreints. Ces signes s’accompagnent souvent d’une hypo ou d’une hyper réactivité sensorielle.
Si les personnes haut potentiel reportent souvent des « problèmes avec les autres », cela n’a cependant rien à voir avec ce que peut vivre une personne autiste. En effet, et je cite ici l’excellent article de Jacques Grégoire[1] « Si la personne avec autisme a des capacités sociales réduites qui se traduisent par un isolement social, l’isolement est aussi souvent évoqué chez la personne à haut potentiel. Chez elle pourtant, il est le plus souvent le signe soit d’un environnement inadapté qui débouche sur un sentiment d’incompatibilité, soit sur une personnalité peu sociable mais non pathologique et, sans connotations d’incompétence émotionnelle. »
Concernant la question de la routine et des intérêts spécifiques, caractéristiques des personnes autistes, l’absorption que montrent les personnes haut potentiel lorsqu’elles s’impliquent dans une tâche donnée n’a, encore, rien à voir : « Les personnes haut potentiel peuvent donner la même impression d’un resserrement des champs de passion. Pour autant, il s’agit alors chez elles d’une conséquence de l’investissement qu’elles fournissent dans un domaine, autrement dit d’une conséquence de leur détermination et de leur persévérance à creuser un champ, et non d’une incapacité d’ouverture. »
Vient enfin, se greffer sur ces deux « faux amis » la question de l’autisme de haut niveau qui fait référence à des autistes ne présentant pas de déficience intellectuelle, dont l’intelligence se situe donc dans la zone normale, au-dessus d’un QI de… 70. Loin du haut potentiel qui débute à un QI de 125 ou 130. L’image de la personne autiste Asperger (dont la terminologie est désormais « autiste sans déficience intellectuelle ») véhicule encore aujourd’hui l’image (fausse) de dons particuliers qui rendent cette dénomination « attractive. »
Cette double question, des dons particuliers et du haut niveau, prête à confusion et laisse sous-entendre que les personnes « Asperger, de haut niveau » peuvent se confondre avec les personnes haut potentiel. N’oublions pas que le QI de ces autistes se situe dans la zone médiane, soit entre 70 et 115, et donc seulement sans déficience intellectuelle.
Finalement, ces caractéristiques peuvent, au premier abord, et sans la connaissance appropriée, laisser penser que les attitudes des personnes haut potentiel pourraient correspondre à des symptômes du spectre de l’autisme. Ce pourquoi les personnes haut potentiel vont souvent consulter dans un centre de dépistage du spectre de l’autisme dans lesquels elles se trouvent en surreprésentation.
En conclusion, comme toutes les doubles exceptions, le haut potentiel reste rarement associé à l’autisme et il ne faut pas confondre « les faux amis » avec des critères diagnostiques du TSA.
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